Thursday, November 8, 2012

La peinture sur soie traditionnelle vietnamienne

Bien qu’elle existe aussi dans d’autres pays asiatiques, au Vietnam, la peinture sur soie a acquis une nouvelle identité. A travers plusieurs générations, les artistes vietnamiens ont su lui insuffler une nouvelle âme en inventant de nouvelles techniques.

"Jeu des cases" de Nguyen Phan Chanh
Le musée d’histoire du Vietnam conserve un portrait de Nguyen Trai, une grande personnalité du 15ème siècle, peint sur soie. On y trouve également d’autres peintures sur soie utilisées à des fins de culte comme celle de Phung Khac Khoan (1528-1613) et 4 portraits de la famille de Phan Huy. Autant de preuves de la longue existence de cette forme d’art ainsi que de sa position importante dans les arts folkloriques vietnamiens. Cependant, les anciens tableaux étaient pour la plupart des portraits réalistes aux traits simples. Ce n’est que pendant les années 1930 que cet art a connu ses heures de gloire quand certains peintres diplômés de l’école supérieure des Beaux Arts d’Indochine ont su associer principes artistiques occidentaux et esthétique orientale pour créer de nouvelles techniques originales. L’un des précurseurs de ce renouveau de la peinture sur soie vietnamienne est Nguyen Phan Chanh (1892-1984), réputé pour ses oeuvres “Laver le riz”, “Jeu des cases”, “Consulter un voyant”, ou encore “Cérémonie de possession d’esprit”. Il est aussi l’auteur de plusieurs peintures sur la beauté des jeunes filles et de la campagne vietnamienne, unanimement saluées lors de différentes expositions au Vietnam comme à l’étranger. Nguyen Phan Chanh passe pour être l’inventeur d’une technique de lavage de la soie qui procure un aspect moderne et original à cette peinture traditionnelle. Cette technique permet de créer des dégradés, où plusieurs couches de couleurs claires se superposent. En particulier, ces oeuvres n’ont pas de traits bien distincts, elles comportent des plaques de couleurs avec des transitions fluides, ce qui leur confère un aspect onirique, idéal pour reproduire le charme des gens et des paysages de la campagne vietnamienne. 
Le peintre Nguyen Thu en a fait sa carrière: “Les années 1950 ont été particulièrement propices pour la peinture sur soie et la laque vietnamiennes. En 1957, nous les avons exposées dans différents pays d’Europe de l’Est, et la peinture sur soie a attiré une grande attention internationale. De nombreux étrangers sont venus au Vietnam se renseigner sur les originalités de la peinture sur soie vietnamienne. Ici, on peint sur la soie naturelle produite par les vers à soie, un matériau propice à l’expression des sentiments, de la poésie. Notre grande originalité réside dans l’utilisation de l’eau.”
Le peintre Duc Hoang se veut plus précis: “L’une des particularités qui distinguent la peinture sur soie vietnamienne de celles d’autres pays réside dans la technique de peinture et de lavage de la soie, qui fait que le tissu est parfaitement imprégné de couleurs, sans que celles-ci ne ressortent vraiment en surface. La peinture sur soie vietnamienne est différente de la peinture sur soie chinoise car en plus de cette technique de lavage, les peintres vietnamiens sont influencés par les Occidentaux qui leur ont appris une vision anatomique et scientifique de l’espace. Autre différence: nos peintres s’intéressent bien plus que les Chinois au sujet de la vie humaine.”
Dans le domaine de la peinture sur soie, le Vietnam n’a rien à envier aux puissances mondiales comme la Chine ou le Japon. Et les artistes continuent de créer et d’innover. Ils s’intéressent désormais autant à la vie, à la production, au combat, à la beauté des gens et des paysages, qu’à l’histoire et à la nature morte. Plusieurs jeunes peintres ont expérimenté de nouveaux matériaux en collant des feuilles d’or ou d’argent très minces sur la soie; en utilisant la technique de tempera-huile. Les expositions régulières aussi diversifiées les unes que les autres en disent long sur la vitalité de cet art traditionnel, qui ne cesse de se renouveler.
Source: To Tuan VOVworld
13 Octobre 2012

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